La chute soudaine du taux de change de dollar américain observée ces derniers jours sur le marché suscite de vives inquiétudes dans le secteur locatif comme dans tant d’autres secteurs de la vie économique et sociale de la capitale congolaise.
Alors que de nombreux contrats de bail sont libellés en devise étrangère, cette dépréciation pourrait bien être le déclencheur d’un conflit latent entre bailleurs et locataires.
D’après les Kinois ayant donné leurs impressions à l’équipe rédactionnelle de Grands Titres, recueillies lors de notre descente sur le terrain, la baisse du taux de change du dollar a provoqué une onde de choc dans les quartiers résidentiels et commerciaux de Kinshasa. Plusieurs locataires s’interrogent : devront-ils continuer à payer leurs loyers au taux actuel, désormais plus bas, ou les bailleurs exigeront-ils une révision à la hausse pour compenser la perte de valeur ?
La majorité des baux sont établis en dollar américain, une pratique courante dans un contexte économique marqué par la volatilité du franc congolais. Toutefois, avec la récente baisse du dollar, certains bailleurs envisageraient une réévaluation des loyers, invoquant une « perte de rendement ».
D’autres, plus pragmatiques, pourraient exiger le paiement en franc congolais, ce qui marquerait un tournant dans les habitudes contractuelles.Face à cette incertitude, les appels se multiplient pour que les autorités compétentes interviennent. Juristes, économistes et associations de défense des locataires exhortent le gouvernement à clarifier les règles en matière de paiement des loyers en devises, afin d’éviter une crise sociale.
Le silence des institutions sur cette question sensible pourrait aggraver les tensions et favoriser des litiges en cascade.Certains observateurs y voient une opportunité pour renforcer l’usage du franc congolais dans les transactions internes. En effet, la dépendance au dollar expose les acteurs économiques à des fluctuations incontrôlables.
Promouvoir la monnaie nationale pourrait stabiliser le marché locatif et réduire les conflits liés aux variations du taux de change.La baisse du dollar ne se limite pas à une simple donnée économique : elle soulève des enjeux juridiques, sociaux et politiques.
Le gouvernement est désormais interpellé pour encadrer cette transition et éviter que la crise monétaire ne se transforme en crise locative. Le suivi des autorités sera déterminant dans les jours à venir.
Obed Kanyinda